Place du Gouvernement à Alger en 1899 - Photoglob AG
Place du Gouvernement à Alger en 1899 - Photoglob AG
Place du Gouvernement à Alger en 1899 - Photoglob AG
Publicité

La guerre d’Algérie, un conflit raconté par deux voix différentes. De la ségrégation à la résistance, ils partagent leurs mémoires et leurs expériences du temps colonial en Algérie. Un récit essentiel pour comprendre les origines de l'affrontement.

Avec

Louis-Philippe 1ᵉʳ, roi de France de l’époque, décide de conserver en 1834 une occupation qu’il qualifie de restreinte en Algérie. Six ans plus tard, sa décision évolue, c’est une conquête totale qu’il annonce. Il en découle, une période de colonisation d’abord française puis finalement européenne, qui s’étendra pendant près de 130 ans, jusqu’en 1962, année de la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie.

Nos deux intervenants ont tous les deux vécu en Algérie autour des années 1950 et ont tous les deux vécu cette période de colonisation, mais d’une manière bien différente. L’un était un jeune homme d’Alger en quête de liberté et d’indépendance et l’autre une professeure française sortant du concours de l’enseignement et nommée loin de tout ce qu’elle connaissait à Sidi Bel Abbès, ville campement de la Légion étrangère en Algérie. Aujourd’hui, Abderrahmane Bouchène, éditeur spécialisé sur l’Algérie, et Monique Rivet, auteure du roman Le Glacis, sont tous deux réunis dans cet épisode de La Marche de l’histoire pour réunir leurs souvenirs d’un conflit qu’ils n’ont pas vécu de la même manière.

Publicité

La colonisation empêche la cohabitation

Dès 1840, c’est, disent-ils, “une situation de ségrégation dès le départ”. Ce sont les mots qui leur viennent pour décrire le système colonial mis en place en Algérie. “Les deux communautés européennes et indigènes vivaient séparées”, pendant la guerre, les quartiers arabes et européens seront séparés par des barbelés, mais nous verrons que ce cloisonnage existe bien avant le début de la guerre et la pose de barricade. Ce sont avant tout des barrières sociales qui encadrent cette ségrégation. En effet, avant la déclaration de guerre, même s’il est physiquement possible et autorisé pour l’un et l’autre de se rendre dans le quartier opposé, en dehors du cadre du travail, peu d’Européens se rendent dans le quartier indigène.

À Sidi Bel Abbès, il y a pourtant un lieu qui réunit les deux communautés, Le Glacis, une avenue plantée d’acacias qui séparait la ville européenne de la ville indigène. “Les commerçants s'étaient installés sur le Glacis de séparation pour pouvoir bénéficier de la clientèle indigène et la clientèle européenne”, raconte Monique Rivet, un lieu de commerce ou les Algériens vendaient aux “Européens” et vice versa.

Une séparation des communautés très marquée bien avant le début de la guerre

L’écrivain et journaliste français Jean Amrouche, déclarera : “Il y avait la France des mythes et la France des réalités“. Très tôt, dès la fin de la Première Guerre mondiale, les algériens vont mentalement séparer l’Algérie coloniale, et la France de France. Avant l’indépendance, les Pieds-Noirs étaient appelés par les algériens “Européens” ou alors “Français d’Algérie” et les français qui comme Monique Rivet débarquaient seulement sur le territoire algérien étaient surnommés “les Français de France”. Ce cloisonnage entre les deux communautés est marqué par une absence presque totale de mariages entre algériens et “français de France”. Lorsque cela arrive à l’instar d’une jeune professeure côtoyée par Monique, cette relation fait l’objet de railleries et de remarques violentes. Pour Abderrahmane “la ségrégation radicale a fait qu'il y a eu une minorité infime de mariages mixtes en Algérie coloniale“. Ces discriminations raciales entre les deux communautés bloquent l’amour naissant des hommes tentés d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté.

lien image dossier algérie
lien image dossier algérie
© Radio France

L'équipe

pixel